Ce décret définit la procédure par laquelle un infirmier-e en soins généraux peut être autorisé à réaliser les actes et activités exclusifs des IBODE. Cette question s’impose alors que le nouveau texte, amendé sous la pression des lobbies chirurgicaux, introduit un dispositif de Mesure Transitoire (MT). Ce dispositif permet à des IDE, ayant une année d'expérience en bloc opératoire, d’accéder à une formation raccourcie de seulement 28 heures, contre deux années actuellement pour obtenir le diplôme d’Infirmier de Bloc Opératoire Diplômé d’État (IBODE). Une solution rapide et peu coûteuse face à la pénurie d’IBODE, mais dont les effets sur la qualité des soins et la sécurité des patients sont déjà mis en cause.

Le syndicat SUD Santé, tout en affirmant son engagement pour une réingénierie des métiers de la filière soignante, dénonce cette réforme qui, loin de résoudre les problèmes structurels du secteur, risque de les aggraver. Le manque de vision à long terme et une négociation à la marge avec les premiers concernés, en l'occurrence les IBODE, ne font qu'accroître la méfiance des professionnels face aux réformes successives et à leur lisibilité.

La question centrale ici reste bien celle de l’avenir de la filière soignante et de sa valorisation. D’un côté, il est indispensable d’inscrire cette spécialité dans le cadre de l’universitarisation des formations initiales ; de l’autre, la pénurie d’IBODE dans nos blocs opératoires pousse le gouvernement à chercher des solutions immédiates, au détriment d'une réflexion globale sur la profession. Face à une reprise de l’activité hospitalière jugée essentielle pour la survie des établissements, les intérêts chirurgicaux et technocratiques semblent primer sur ceux des paramédicaux eux même. Le risque est clair : sacrifier la spécificité et la qualité des formations IBODE au profit d'une logique de productivité à court terme.

Pour SUD Santé, les métiers du soin méritent une meilleure considération. Se pencher sur leur évolution et leur avenir nécessite plus d’engagement de la part de nos tutelles que la simple vision conjoncturelle qui les animent aujourd’hui. La priorité est alors de construire un rapport de force pour permettre une véritable négociation collective autour de ces sujets. Pour la reconnaissance des IBODE et de l’ensemble de la filière, c’est pour le syndicat un passage obligé. Cela inclut au-delà des revalorisations salariales, une réingénierie de la formation prenant en compte les nouvelles pratiques. Plus largement, la filière doit être repensée de façon à inciter les jeunes diplômés à s'y engager et à faire progresser leur carrière, plutôt que de l’enfermer dans une logique courthermiste et conjoncturelle. C'est le prix pour redonner l’envie de nos métiers ! 

 



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